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vendredi 25 juin 2010

lundi 19 avril 2010

mercredi 7 avril 2010


Gare Malick SY
Ambiance folle et embarquement difficile
Le petit train de banlieue relie Dakar et Rufisque. Il est très utilisé par les voyageurs parce que plus rapide et plus économique que les bus, tata et autres cars. Cependant, les habitués du train composés essentiellement de commerçants, d’élèves et de fonctionnaires moyens endurent beaucoup de souffrances avant de pouvoir s’embarquer. Une ambiance d’avant départ époustouflante. Reportage.

18H30. C’est la fin d’une journée de travail, une foule vient de descendre du bus reliant l’hôpital principal à la gare. Sitôt pied à terre qu’elle commence déjà à courir en direction du guichet. Il vaut mieux avoir le plus tôt possible son ticket en main. Il reste trente minutes avant l’arrivée du train et la longue file indienne devant le guichet n’augure rien de bon pour les retardataires, ils risquent d’attendrent le prochain train prévu une heure plus tard. La foule bigarrée augmente chaque minute. Cette accumulation de voyageurs attendant stoïquement l’arrivée du train fait le bonheur des petits vendeurs qui se sont installés le long de la route menant au guichet. Un vendeur de café touba assis sur un pot de peinture usé, s’active vivement à servir le liquide chaud à cette masse ramollie par la fraîcheur du soir et par ce vent glacial, violent et têtu. La gare se situe presque sous le pont cyrnox, une zone dégagée, ce qui favorise la circulation des courants d’air. Malgré le nombre important de passagers, il règne un étonnant silence violé par intermittence par l’appel d’une jeune fille qui tient deux pots de chocolats qu’elle s’est jurée de liquider par tous les moyens. Déjà le soir. Le soleil s’est couché, les corps harassés par une longue journée de labeur se laissent choir lourdement sur le sol. Les gens s’arc - boutent, se recroquevillent, se couvrent pour se protéger du froid. La quiétude austère des lieux est profanée par un fou venant de nulle part. L'homme est de petite taille, osseux, le creux des joues comblé par de mauvaises pelotes de poils noirs. Il est à la fois confiant et inquiet, sans cesse en mouvement. Il fait des vas et viens, tient conseil en marchant, les mains derrière le dos .A chaque traversée de la route menant au guichet, il pousse des cris enragés et sauvages. Ce triste spectacle tira presque des larmes aux passants. Des femmes apeurées par cette scène tentent de s’éloigner discrètement par crainte d’être agressées par le bonhomme. Un jeune garçon las d’attendre fulmine : « c’est toujours comme ça dans cette gare, non seulement l’attente est longue mais il n’y a pas de bancs pour s’asseoir. C’est désolant !! » Un anneau de cuivre pend à son oreille gauche .Le trou par lequel il s’accroche, au milieu du lobe, est si large qu’il peut y passer le petit doigt. La vieille femme qu’il accompagne lui répond : « Nous allons nous entasser encore comme du bétail dans ce train. A moins d’avoir une place assise ce qui n’est pas chose facile avec cette foule qui ne cesse d’augmenter, il faudra batailler ferme. » Enfin, la sirène du train retentie de loin, avertissant les voyageurs de l’imminence de son arrivée. La foule l’accueillie avec impatience et bousculade. Pas de pitié, chacun fait ce qu’il peut pour obtenir une place, quitte à donner des coups de coude. Dans cette lutte sans merci pour une place assise ce sont les femmes et les enfants qui sont les perdants. Le train de couleur bleu fini par absorber une partie de cette masse humaine dans ses six wagons. La majeure partie est rentrée, il vomit le reste. Ceux qui n’ont pas de place sont contraints par les trois militaires qui assurent la sécurité de la zone d’attendre le prochain. Le train quitte les lieux quinze minutes plus tard, laissant derrière lui une épaisse fumée noirâtre et nauséabonde. Quelques jeunes vendeuses de fruits désoeuvrées par le départ de toute cette clientèle, se livrent à des discussions et des jeux de bagarres pour tromper l’ennui.


Alune FALL

vendredi 26 février 2010

Portrait


Serigne Ahmadou LO
Portrait d’un guide religieux exemplaire

Originaire de Diourbel, serigne Ahmadou LO vit à Thiaroye depuis maintenant vingt ans. Depuis une dizaine d’année, il est à la tête d’une organisation religieuse basée dans cette même localité .Respecté et honoré, il jouit d’une grande influence dans le milieu.

Le vieux serigne ahmadou LO, appelé familièrement serigne Ahma porte bien ses soixante dix ans. C’est un homme de carrure pas très imposante, un mètre soixante quinze, svelte et mince mais à l’allure gracieuse qui lui confère l’image d’un souverain antique. Des rides étroites et profondes avaient depuis longtemps entrepris leur œuvre sur son visage désormais osseux. Le poids de l’âge et les vicissitudes de la vie n’ont cependant pas réussi à lui ôter son charme naturel, ses cheveux d’un blanc immaculé contrastent magnifiquement avec sa noirceur d’ébène. Ahma est jovial, heureux et content de sa vie et de sa condition. Ses dents noircies par le cola sont rares et sa bouche est si ridée qu’elle prononce un vocabulaire pas tellement audible. Il sourit tout le temps d’un sourire radieux. Il est un de ces hommes qui semblent faits pour être toujours en contact avec leur monde préféré. Rares sont en effet ceux qui peuvent témoigner l’avoir vu en colère, sa générosité est reconnu par tout son entourage. Il offre, au premier aspect, une vague ressemblance avec ces Hommes de DIEU qui ont su découvrir les signes cachés d’un monde complètement différent du notre. Son front large et bombé renvoi l’image d’un intellectuel et érudit. Assis sur sa natte, il pointe ses gros yeux noirs brillants. Des yeux enfoncés mais directs qui peuvent détecter les profonds secrets de la vie. Peut être était il plongé dans le grand sac du souvenir de toutes ces années passées. Son enfance paisible il l’a passé dans son Baol natal .Tout jeune, il s’était déjà intéressé à la religion et au travail bien accompli, se démarquant ainsi de la plupart des enfants de sa génération. Ahma n’a pas été à l’école française, il a été envoyé par son père à l’école coranique. Emmitouflé dans un beau grand boubou bleu Bazin ganila, son rôle de guide religieux exige un port vestimentaire irréprochable, il égrenait patiemment son chapelet. A vingt ans, il dû quitter le Baol pour émigrer en Cote d’Ivoire. Il a séjourné quinze ans dans ce pays où il avait comme activité principale le commerce. Ses expériences il les partage entre autre avec ses six enfants et onze petits enfants. D’une voix rauque et chargée d’émotions on pouvait l’entendre relatant des histoires et anecdotes des fois jusque tard dans la nuit. « Soyez justes et sincères envers vos semblables » disait il souvent. C’est de retour de la Côte d’Ivoire que Serigne Ahma s’est tourné définitivement vers la religion. Il crée une école coranique et s’évertue à apprendre aux populations les principes de l’Islam. Deux fois par année, Ahma recueil auprès des fidèles de l’argent et des vêtements pour les donner aux talibés. Les enfants adorent jouer avec sa longue barbe en forme de collier qui touche presque sa poitrine. Le nez retroussé,la bouche charnue et les joues creusées par cette imposante barbe qui cache son menton carré. Ses épaules larges font penser à un ancien sportif. Dynamique, il organise un Gamou annuel, évènement d’une grande ampleur auquel prend part les plus hautes autorités de la localité. Ses jambes arquées mais élancées ne l’empêchent cependant pas d’avoir une démarche élégante, fière. Une confiance en soi, une résignation, une pitié rare, une harmonie du corps avec l’âme, un bon cœur:toutes ces qualités ont fait de lui une personne respectable.

Alune fall