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mercredi 7 avril 2010


Gare Malick SY
Ambiance folle et embarquement difficile
Le petit train de banlieue relie Dakar et Rufisque. Il est très utilisé par les voyageurs parce que plus rapide et plus économique que les bus, tata et autres cars. Cependant, les habitués du train composés essentiellement de commerçants, d’élèves et de fonctionnaires moyens endurent beaucoup de souffrances avant de pouvoir s’embarquer. Une ambiance d’avant départ époustouflante. Reportage.

18H30. C’est la fin d’une journée de travail, une foule vient de descendre du bus reliant l’hôpital principal à la gare. Sitôt pied à terre qu’elle commence déjà à courir en direction du guichet. Il vaut mieux avoir le plus tôt possible son ticket en main. Il reste trente minutes avant l’arrivée du train et la longue file indienne devant le guichet n’augure rien de bon pour les retardataires, ils risquent d’attendrent le prochain train prévu une heure plus tard. La foule bigarrée augmente chaque minute. Cette accumulation de voyageurs attendant stoïquement l’arrivée du train fait le bonheur des petits vendeurs qui se sont installés le long de la route menant au guichet. Un vendeur de café touba assis sur un pot de peinture usé, s’active vivement à servir le liquide chaud à cette masse ramollie par la fraîcheur du soir et par ce vent glacial, violent et têtu. La gare se situe presque sous le pont cyrnox, une zone dégagée, ce qui favorise la circulation des courants d’air. Malgré le nombre important de passagers, il règne un étonnant silence violé par intermittence par l’appel d’une jeune fille qui tient deux pots de chocolats qu’elle s’est jurée de liquider par tous les moyens. Déjà le soir. Le soleil s’est couché, les corps harassés par une longue journée de labeur se laissent choir lourdement sur le sol. Les gens s’arc - boutent, se recroquevillent, se couvrent pour se protéger du froid. La quiétude austère des lieux est profanée par un fou venant de nulle part. L'homme est de petite taille, osseux, le creux des joues comblé par de mauvaises pelotes de poils noirs. Il est à la fois confiant et inquiet, sans cesse en mouvement. Il fait des vas et viens, tient conseil en marchant, les mains derrière le dos .A chaque traversée de la route menant au guichet, il pousse des cris enragés et sauvages. Ce triste spectacle tira presque des larmes aux passants. Des femmes apeurées par cette scène tentent de s’éloigner discrètement par crainte d’être agressées par le bonhomme. Un jeune garçon las d’attendre fulmine : « c’est toujours comme ça dans cette gare, non seulement l’attente est longue mais il n’y a pas de bancs pour s’asseoir. C’est désolant !! » Un anneau de cuivre pend à son oreille gauche .Le trou par lequel il s’accroche, au milieu du lobe, est si large qu’il peut y passer le petit doigt. La vieille femme qu’il accompagne lui répond : « Nous allons nous entasser encore comme du bétail dans ce train. A moins d’avoir une place assise ce qui n’est pas chose facile avec cette foule qui ne cesse d’augmenter, il faudra batailler ferme. » Enfin, la sirène du train retentie de loin, avertissant les voyageurs de l’imminence de son arrivée. La foule l’accueillie avec impatience et bousculade. Pas de pitié, chacun fait ce qu’il peut pour obtenir une place, quitte à donner des coups de coude. Dans cette lutte sans merci pour une place assise ce sont les femmes et les enfants qui sont les perdants. Le train de couleur bleu fini par absorber une partie de cette masse humaine dans ses six wagons. La majeure partie est rentrée, il vomit le reste. Ceux qui n’ont pas de place sont contraints par les trois militaires qui assurent la sécurité de la zone d’attendre le prochain. Le train quitte les lieux quinze minutes plus tard, laissant derrière lui une épaisse fumée noirâtre et nauséabonde. Quelques jeunes vendeuses de fruits désoeuvrées par le départ de toute cette clientèle, se livrent à des discussions et des jeux de bagarres pour tromper l’ennui.


Alune FALL

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